"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

mercredi 8 décembre 2010

Le petit bonheur d'une curieuse.

L'installation de Jean dans cette maison basse à l'angle de la rue Lemoine était un vrai bonheur. Pour la première fois depuis que je vivais dans cette ville, j'allai enfin voir de la lumière à travers les carreaux de ces fenêtres noircies par le temps. Cette maison abandonnée, que je n'avais pas hésité à visiter - je suis tellement curieuse, je ne fais pas exprès, c'est toute ma nature cela ! -. 

J'avais parcouru les moindres recoins et avait trouvé de nombreux livres sans propriétaires ! Dans la cave, un tas d'objets méconnaissables, rouillés - la cave était très humide, ça sentait la mort -, je me suis ensuite aventurée dans le salon, un vieux canapé vivait encore et de sa peau déchirée de tous côtés, ses entrailles ne tenaient plus. Il suffisait de tirer un morceau de damas pour que celui-ci s'en aille jusque dans notre main. Tout était rongé, ce n'était plus un canapé, les souris avaient sûrement ici fait leur nid. Dans la cuisine, encore le bouton fonctionnait, j'avais actionné l'antique bouton et une lumière avait jailli de l'ampoule accrochée au plafond par son fil électrique. Un hachoir avait dû vomir beaucoup de viande, il était horriblement sale et lui aussi encore mouillé. Des placards tenaient encore au dessus de la gazinière, du plan de travail et de l'évier. Bien qu'en tentant d'ouvrir un des placard, il resta dans ma main, il n'y avait plus rien - à part, peut-être de la poussière -, j'en ouvris un autre - celui-ci était encore bien celé au bois -, mais des chauves souris jaillirent et s'éparpillèrent dans la pièce pour enfin s'évader en direction du salon. Mon cœur avait fait un bond dans ma poitrine. J'étais alors sortie toute traumatisée et encore choquée par le terrible effet de peur que m'avait procuré ces noires chauves-souris. Finalement, je suis rentrée chez moi bien vite. Et jamais, jamais plus je ne suis revenue dans cette masure, bien que quelques fois l'envie me reprit de la visiter à nouveau, qui savait ? Quel trésors pouvaient s'y cacher ? On m'avait toujours dit de corriger ce défaut de curiosité et de vouloir toujours autant visiter les maisons délaissées. C'était d'ailleurs une des raisons pour lesquelles jamais la campagne ! 

Le mois dernier mon futur voisin, un homme d'une vingtaine d'années, venu de Paris a acheté le terrain et a décidé de rénover l'antique bâtisse. Pour cela, il l'a vidée, là, sur le carreau devant sa porte. Je lui ai demandé si je pouvais fouiller et ma verve du chinage est entrée en action, je suis repartie encore avec de nombreux bibelots et autres brimborions inutiles. Je suis comme ça moi ! Oh ! les beaux Chantilly de j'ai trouvé, les belles ombrelles de dame, cinq canotiers dis-donc ! Et encore des livres, Balzac, Zola, Bossuet, Boileau et Racine, un tome des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand. J'étais au anges, et encore tous très bien conservés (ils étaient enfermés dans une grande malle en fer qui traînait dans le grenier dont les tuiles laissaient passer une raie de lumière). Voilà Décembre, le temps maussade de Novembre s'est dissipé pour laisser placer au traditionnel bleu du ciel et à notre vénérable soleil. J'en s'installe aux environs du vingt décembre. C'est un gentil bonhomme, très courtois, très respectueux, très poli, très beau... Non ! Me voilà encore entrain de me passionner pour un homme qui tombe sous mon regard ! Assez, je veux rester célibataire.

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