"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

mercredi 26 mai 2010

Un peu de bonheur

J'étais allongé dans cet herbe si divine. Ma mains et mes doigts se plaisaient à caresser tendrement ces pousses vertes et ces touffes végétales. Le soleil brûlais ma peau. Je fermais les yeux pour en mieux déguster la saveur. L'énergie de la terre semblait être reliée à mon corps par mes deux bras saisissant quelques brins d'herbes qui se glissaient entre mes doigts et sur mes phalanges. Ce soir mon corps allait brûler. Je me rendais dans une boîte de nuit. Je serais seul, livré à la masse humaine qui s'offrira à moi. Dans les chaleurs suaves des corps qui se déhanchent sur la piste de danse entre les rayons de la boule à facette. Sur ce plancher clignotant de couleurs vives et puissantes, chaque danseur fera claquer sa chaussure sur le plexiglas délicieux. Et dans leurs yeux émerveillés de l'évènement, et dans mes yeux, je verrais se profiler au loin l'ambition d'une vie meilleure, d'un avenir radieux. En agitant les bras aux rythmes des mélodies, je crierais pour mieux évacuer le stress emmagasiné dans mon être suffoquant. Mais pour l'instant, j'étais dehors, profitant de la chaleur estivale pourtant précoce qui faisait rage au beau milieu de ce simple moi de Mai. J'étais empli de quelques sueurs désagréables et je décida donc de me mettre à l'aise. Après quelques minutes je portais des vêtements si légers, que si le vent avait soufflé un peu plus fort qu'il ne le faisait à l'instant présent, alors, mes parures d'été se seraient déchirés sous le souffle des nuages. Ma journée ne fut pas très variée. Mais, au moins, je ne manquais pas de confort, j'avais atteint le paroxysme de mon désir. D'humeur tranquille et posée devant le ciel bleu qui éclatait à mes yeux décrépis par l'hiver rude.

lundi 17 mai 2010

6 Juin 1944

Désemparé, le soldat restait courbé au fond de cet immense engin qui flottait sur l'eau. Le brouillard était aveuglant, il apercevait à peine ses coéquipiers qui restaient silencieux dans les fracas de vagues sur la coque. Son heure approchait. Il était vêtu d'un ensemble de camouflage, d'un casque vulgaire qui lui avait été donné au départ, aux États-Unis d'Amérique, bien loin de sa position actuelle. Le tout était orné de belles grenades, d'un excellent Colt, d'un somptueux Thomson et d'un fusil à visée longue portée. Le reste : boussole, sac léger, et quelques effets personnels pendait autour de son pauvre être. Tout à coup, au loin il entendit les premier sifflements de balles. Le pauvre s'offusqua en même temps que ses compagnons de guerre. Le commandant cria : "Nous approchons de la zone de départ, tenez vous prêts !". Le ciel de cendre envahissait le ciel pendant que, peu à peu, le brouillard se désaipaissisait pour laisser entrevoir les lignes ennemies. La troupe allait s'échouer sur la plage d'Omaha Beach, au nord d'un pays inconnu. Le soldat avait peur, mais gardait son sang-froid et avec une force de courage triomphale, il resta maître de ses émotions et levant un peu la tête pour reprendre un peu de dignité, il vit siffler un projectile tout prêt de son oreille gauche. Pris de terreur, il tenta de se calmer mais en vain, il s'était fait prendre, il allait arriver sur ce banc de sable comme un crabe sort de l'eau, dévêtu de tout courage et pénétré par le malaise atroce de l'ennemi. Deux à trois minutes venaient de s'écouler et le commandant vociféra avec puissance : "Dans moins d'une minute, vous serez à terre. Bonne chance à tous ! Vous connaissez les instructions ! A vous...". Il fut coupé, un obus venait d'atteindre le bateau rempli de soldats, à gauche du leur.

Celui-ci, se désintégra sous l'explosion. Ce qui propulsa loin autour, les soldats qui se trouvaient à bord. Un d'entre eux s'écrasa dans notre transporteur, le corps fut très rapidement mis de côté. Les portes s'ouvraient, le commandant hurla "A l'assaut !". Et tel des moutons de Panurge, nous le suivîmes, les quatre premiers soldats qui s'expulsèrent de l'embarcation tombèrent immédiatement sous le déluge de balles qu'on leur avait infligé. Le soldat, alors, pris son courage par les mains et par les pieds et s'enfonça dans l'eau sur le sol inconnu. Les Britanniques étaient déjà arrivés et on les voyait sur le bord du front. Ils semblaient fortement affaiblis. Comme tout le monde, il se protégeait grâce à de drôles de pylônes croisés en X. Dès que les germaniques rechargeaient leur batterie de balles, le soldat se précipitait un peu plus prêt des alliés en se protégeant toujours par ces édifices d'acier. Quelques uns de ses acolytes tentaient de neutraliser les mitrailleurs à l'aide de leurs fusils longue portée, mais c'était en vain. Les allemands renouvelaient sans cesse leur personnel aux mitrailleuses. Pendant près d'une heure notre soldat avança en travers de la plage pour atteindre les abords des dunes blanches. Il fut l'un des seuls survivants de sa division après cet obstacle spectaculaire. Les mitrailleuses crachaient leurs balles sur ce désert tâché de hauts morceaux en métal. Un médecin soigna notre soldat sommairement. Le combat avait été rude, les corps jonchaient le sol mou par centaines. Le commandant était tombé. Avec une autre équipe, il allait tenter de prendre les deux bunkers, ceux qui lançaient sur ce paysage pittoresque leur pluie de projectiles mortels. Afin de servir son pays et ceux de ses alliés pour l'honneur et la gloire de sa grande patrie, pour l'histoire de l'humanité, il accomplirait avec acharnement sa mission, la mission Overlord, comme l'avait déclaré le haut lieutenant.

(Que le nazisme soit éteint à jamais...)

dimanche 9 mai 2010

Vengeance !

Le temps est monotone en ce moment, le soleil ne daigne plus reparaître sur son habituel trajet. Bloqué par ces perturbations et par ce douloureux nuage de cendre qui s'élève à dix-mille mètres de hauteur. On résiste, mais la vie est plus dure sous une pluie torrentielle que sous une pluie de lumière ardente. Le littéraire lit à ses heures perdues à voir se dilater la terre, se refroidir l'air, s'appauvrir la terre de sa si belle clarté. Le soleil choit très souvent devant ses masses d'air humide en suspension. C'en est triste, mais que pouvons-nous y faire ? La lecture permet donc de combler ce temps qui nous est administré promptement. Le littéraire, à lui, quoi faire lors de ses moments où la vie semble nous murer dans nos pièces étouffées par la chaleur humaine.

<= UN DES TRAITRES

Ce n'est pas la meilleure saison pour le beau-gosse littéraire. Lui qui se plaît à lire sur la plage, tard le soir sous le soleil. Qui, dès la moindre lueur de soleil, couvre ses yeux de lunettes stylées qui affirment un style à part, bien compris par le cher Victor Hugo. Les littéraires ne sont pas des êtres aussi renfermés et cloués dans leur livres et leurs idées archaïques ! Les littéraires - où le bon côté de la force -, eux, sont certainement les plus évolués par rapport à leur principal rival*. Qui est-ce qui a entamé une guerre avec l'état en 1830 ? Ce n'est pas notre ami Victor, avec son excellente pièce Hernani ? Ou encore Corneille avec son Cid ? Et puis... quand les rivaux* disent : "Les films sont bien meilleurs que les livres !"; je leur répond, de mon vivant littéraire, étant jeune est dévoué, que les livres sont incomparables et irremplaçables. Ce sont les reliques, les sources premières pour les films. La sortie en salle d'un long métrage n'est que la réactualisation implicite ou explicite (s'il s'agit d'une adaptation) d'un livre. Tout à ses sources. Et puis, quand nos rivaux* seront capables d'écrire un texte correctement sans faire de fautes avec un style d'écriture inouï, des termes puissants et une envie euphorique de la part de leurs lecteurs de bien lire leurs chiffons ; alors là, ils pourront se tenir prêts pour nous attaquer aux javelots et aux hallebardes ! Mais pour l'instant, tout reste à faire et pour atteindre un tel but, il faudrait probablement se tenir à l'échelle de la naissance de la vie sur terre, soit quelques millions voire milliards d'années avant que ce prodige ce réalise enfin. Nous littéraires, sommes les maîtres incontestés. Seulement, étant minoritaires dans cette société (qui se détériore au niveau de sa langue vernaculaire, par ailleurs), où les rivaux* nous écrasent de leur main impartiale, nous ne pouvons pas lancer la révolution et sommes contraints à vivre encaissés.

Un amour de littéraire, une horreur rivale*.

* : Nous avons remplacé certains substantifs pour ne pas citer les traitres de notre société.

mercredi 5 mai 2010

Plainte au temps gris.

Je me lève et je vois par ma fenêtre, le plafond qui se dessine à l'extérieur. Ce sont les nuages qui pleurent sur la Terre, l'inondation en est presque atteinte. Les yeux lourds et fatigués, je me dandine jusque dans ma salle de bain et me regarde dans la glace. Encore une journée qui s'annonce assez mal. Je suis malade de temps gris, je ne supporte pas les journées comme ça. Ce temps pourri hante mes yeux de sommeil et c'est dans la pénombre de la journée que je dors et dans la lumière vacillante et artificielle de la nuit que je vis. Je renais sous ces feux des projecteurs, lorsque les nuages ont décidé de me barrer la route du soleil. J'abhorre le mauvais temps ! J'exècre les nuits noires ! J'adore les jours éblouis de lumière ! J'affectionne les nuits illuminées. Ce n'est pas suave, ce n'est pas agréable de voir que même la nature rechigne a s'affirmer et à vivre. Elle est écrasée sous le poids de ces ruissellements ininterrompus qui l'égorge. C'en est de même pour moi. Je vis avec la météorologie.

Chaque matin, vers sept heures, je consulte le baromètre, et souvent, la tendance est mauvaise et je soupire longuement et je résiste à m'assoupir par ce temps de latence. Je ne suis pas blasphématoire, alors pourquoi me punir de cette nature déchirante. La religion ne vaut rien ! Je m'en retourne les poches et je la laisse tomber, pour que de mon pied, je puis l'écraser à ma guise dans des crissements aigus. On dit que la pluie tranquillise les mœurs, pour ma part, c'est bien le contraire qui se manifeste. Je ne peux vivre sans lumière, ma vie réside dans la joie de vivre et dans la vivacité, mais l'élément clef est bel et bien le Soleil, notre vrai dieu. Ô divin Soleil, majestueux comme les volcans qui rougissent, vénérable comme les philosophes, ardent comme l'orateur. Source du littéraire que je souhaite m'approprier. Sous tes rayons, mon corps s'abaisse bien bas et je ne m'adonne pas à être plus haut que ta température déjà si excessive. Je conjure la planète de chasser ces ténèbres impétueux et de laisser courir le ciel bleu sur toute la surface du ciel, si vaste, si grand.

Que ceux là, choissent ailleurs que là.

lundi 3 mai 2010

L'infirmière de nuit.

Chaque jour, elle se levait à deux heures de l’après-midi. Elle avait travaillé toute la nuit. Ses vêtements étaient trempés de sueur, elle se réveillait comme abattue de son propre sommeil, pourtant celui-ci devait être réparateur. C’est alors que péniblement elle s’expulsait de son lit. Et la tête empourprée encore de fatigue, elle se préparait une petite collation pour lui permettre de s’éveiller complètement. Elle était infirmière de nuit, ce travail de forcené, qu’elle exerçait afin de mieux s’occuper de ses enfants dont deux étaient encore en bas âge.

Tous les jours, et sans relâche, elle quittait sa famille aux alentours de vingt et une heures, montait dans sa voiture, démarrait, partait jusqu’à l’Hôpital de la ville pour reprendre son service. Toute la nuit, elle s’occupait des patients tassés dans ces pauvres chambres. Souvent, elle s’asseyait dans la pièce réservée au personnel et soupirant doucement, elle fixait la monotone trotteuse de la pendule indiquant les heures tardives. Ses collègues faisaient de même et c’était toute une petite bande triste qui travaillait pendant que d’autres dormaient profondément. « L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt », cette expression, pourtant si célèbre, ne leur convenait guère. Certains se plaignaient de ces horaires atroces qu’on leur avait infligés. D’autres calmes, ne se laissaient pas entendre et travaillaient sans parler, mais ne pensaient pas moins à cette polémique. L’infirmière évoluait donc dans les couloirs et dans l’odeur fétide de l’immense hôpital. Elle surveillait les nuits, aidait quelques patients réticents au sommeil, améliorait le confort de certains, soignait les nouveaux venus, bref., elle était au service de cette petite communauté qui n’était pas au paroxysme de sa forme physique.

Et ce sont dans les ténèbres de cette lourde nuit qu’elle travaillait, seulement l’été, où elle pouvait apercevoir le soleil couchant ou levant, c’était toujours plus agréable que l’atroce hiver. Et vers sept heures du matin, elle débauchait, en faisait le chemin inverse avec sa voiture, elle rentrait chez elle, réveillait ses drôles et les emmenait à leur école. Avant de revenir et, sur son lit, de sombrer dans un profond sommeil, sous le merveilleux soleil matinal.

Après une nuit d'hôpital dans la pénombre des lumières artificielles.