"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

mercredi 21 avril 2010

L'ouvrier du Second Empire.

L'ouvrier tirait sur ces fouillis et ces tas de feuilles accumulés par le temps, entre la terre et l'humus qui s'étalait au sol. L'ouvrier transpirait, ces vêtements étaient souillés d'humidité qui semblaient lui peser. C'était un dur labeur, mais il savait qu'au fond de cet acharnement, sa maigre paye l'attendait. Celle-ci pourrait faire vivre sa famille, ou plutôt survivre car les temps étaient durs. 1867, déjà, Napoléon III, de sa main impartiale étendait, tel son ascendant, Napoléon Ier, son empire par d'affreuses guerres. L'ouvrier, lui travaillait et mettait loin, très loin dans son esprit ces victoires à la française. Ce qui l'importait c'était de voir grandir ses enfants comme ses parents l'avaient vu grandir, sous la monarchie constitutionnelle, au temps du beau Philippe d'Orléans.

La terre se mouvait énormément au passage de son terrible râteau qui grattait ce sol dur comme le marbre. L'ouvrier y mettait du coeur, c'était pour lui sa tâche principale, sa tâche quotidienne. C'était une vraie oeuvre d'art qu'il s'ingéniait de réaliser. Pourtant il ne s'intéressait point à la culture, cela ne l'importait pas, il s'en fichait éperdument. Pour lui, rien ne valait l'éducation de son enfance : dure, sèche, stricte, impitoyable, carrée et droite. Il en était devenu un homme de travail, un ouvrier, payé, de peu, mais cela permettait d'assouvir quelque peu son existence. Sa femme, chaque jour, languissait dans cette pauvre chaumière que le couple avait acheté, une dizaine d'années auparavant, pour quelques louis. Ces louis avaient été amassés durant de nombreuses années, mais enfin, ils avaient de quoi se loger et c'était leur principale récompense. Ses fils, Anatole et Albert fréquentaient l'école communale de leur petit village de St Ray. Il y faisait bon vivre et le coin restait calme tout le long de l'année.Mais l'ouvrier n'était pas seul, non, ses collègues étaient même très nombreux. Même rituel chaque jour : les ouvriers s'éveillaient chez eux, s'habillaient et partaient sans même prendre une collation de peu que leur infâme patron, propriétaire d'une grande exploitation de légumes et de fruits, ne les sanctionne d'un moindre retard. Cinq minutes étaient facturées, comme cinq semaines d'exclusion, après quoi ils pouvaient venir mais si cela se reproduisait, ils étaient définitivement renvoyés à vie. A six heures donc, les ouvriers envahissaient l'entrée de l'usine de travail et pointaient aux machines prévues à cet effet, ensuite ils s'engouffraient puis émergeaient dans les terres, tel un péage. Sous un soleil de plomb souvent, car en ce pays il faisait souvent très chaud toute l'année, les ouvriers réalisaient toutes sortes de tâches agricoles fastidieuses avec des moyens de l'époque, donc absolument archaïques.Outre ces manières surgissant du diable lui même, le pays vivait très bien de cette exploitation. En effet, l'ingrat patron offrait de merveilleux postes pour la région qui n'était alors que très pauvre industriellement à cette période.

C'est ainsi que chaque ouvrier, par la sueur de leur front, dépourvus de collations, d'eau, travaillaient dans des conditions grotesques et impartiales pour vivre. Mais toujours, toujours, dans leurs petites têtes peu évoluées culturellement, ils portaient un vif intérêt à recevoir le fruit de leur labeur et de rien d'autre. Ils auraient pu refuser une donation, ce qu'ils voulaient à tout prix, c'est vivre raisonnablement, sans aucune escroquerie. Vivre honnêtement, simplement.

mardi 20 avril 2010

Souffle...

Le repas s'éternise, les esprits s'égarent dans des lueurs incandescentes de la lumière artificielle, inattendue ici. Dehors il fait grand jour, après la pluie, le soleil peine à s'imposer face à ses nuages grisants. Les enfants sont repartis dans leur chambre jouer. Le père crie, il réclame leur présence. La femme, dépitée assise au bord de cette table cirée et jaunie par le temps, au bord de ce carré de bois où la vie se déroule doucement usant les couches de ce brillant enduit. L'aîné ne sait quoi dire, il sent la tension familiale monter et ne réagit pas, son visage est clos. Soudain, ce dernier se lève. Il ouvre des tiroirs et en retire des bougies, roses de préférence mais confronté à une pénurie, il en prend deux autres bleues. Celles-ci sont plantés dans le gâteau. Il fouille encore ces petits tiroirs qui peinent à s'ouvrir à cause de cette peinture trop épaisse, après un bon nombre de couches successives, aggloméré à ce bois industriel faiblard. Ce sont de jolis parasols en papier de couleurs jaune et orange qui sont, un à un, placés sur ce dessert glacé. Il est de forme carrée, comme l'est la table, comme le sont les choses dans cette maison, sans aucun baroquisme, droit et sec. En guise de chiffres, de pauvres tiges de fil de fer feignent à ressembler à un quatre et à un trois. La tension monte, le père crie, la mère pleure. La fête tourne au cauchemar et au ridicule, c'est irréel. Après plusieurs essais pour réinstaurer la bonne humeur, l'adolescent apporte le gâteau sous les blâmes de ses frères. Son visage traduit sa colère mais il se contient. Ce dernier pose le gâteau devant sa mère. Elle sèche ses larmes. Son visage est rouge de pleurs, ses yeux sont creusés d'un tristesse indéfinissable. La famille est triste. Triste pour un rien, pour le plaisir. La maîtresse de maison souffle. Décorations après décorations, la gâteau est mis à nu. Le couteau exerce son travail infâme du partage. Les parts sont données, les convives dégustent lentement, dans des éloges discrètes. En somme, c'est triste, c'est maussade. Le silence règne, la tension tombe.

dimanche 18 avril 2010

Tout à un début.

Je migre donc vers un blog plus simple pour moi. Wordpress était assez lourd et ne me convenait guère. Blogger peut-être accusé d'être trop simple. La simplicité est pourtant essentielle. Je ne sais plus si il est encore si simple de déposer des commentaires. Mais ce que je constate avec Blogger c'est que la surface de travail pour taper est extraordinairement élargie par rapport à celle de Wordpress.

Nous pouvons m'accuser de tout, de méchant petit-canard qui n'est qu'un infidèle. Je me fiche de ça. En outre, ce blog est dédié complètement à mes ébats littéraires. Je le commence dès à présent afin de célébrer mon entrée fracassante dans ce monde si vaste, où les idées reçues sont bafouées à coups de livres. Où je vous raconterais, en arrière plan, mes activités au Stand By, le journal du lycée. Lorsque je reprendrais celui-ci l'année prochaine. J'espère faire un grand coup en passant d'Anonyme à Nils Belarbre, littéraire avisé, je l'espère. Je ne vous conte pas l'envie que j'ai d'être l'année prochaine. Vous l'avez compris, l'année suivante me permettra de m'exprimer et d'expirer enfin. Je me sens encaissé par ces matières scientifiques que j'abhorre. J'espère que leur présence ne sera que minime l'année prochaine et que les livres et les écrits envahiront ma vie.

Je vous laisse donc sur votre faim et je vous donne rendez-vous plus tard. Que la littérature vive ! Et Vive Zola.