"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

dimanche 19 septembre 2010

Le Canard enchaîné en déballe.

C'est au lycée qu'un gros titre m'intrigua puis me fit rire aux larmes avec mes amis. "Ecoutes, sondages anti-roms... visite à Lascaux. SARKO-MAGNON DANS LA GROTTE JUSQU'AU COU !" suivi d'une esquisse satirique bien pensée où l'on observe Nicolas Sarkozy et un spécialiste de la grotte montrant à Sarkozy les fresques d'un autre temps : "Si vous préférez, c'est comme de très vieux tags !" et Nico répond : "Peints par de très anciennes racailles ?". On décèle alors la très large connaissance de Nicolas Sarkozy du monde préhistorique. De plus, outre les consignes de conservation de la grotte enfreintes par le statut trop orgueilleux, le chef de l'état à confondu homme de Néandertal et homme de Cro-Magnon. 

Suivie de Carla, le chef de notre si belle patrie dont l'image jadis si belle est maintenant souillée comme un vulgaire chiffon à que l'on a laissé au bord du lavoir (2012 sera l'heure du nettoyage). Je me suis esclaffé autour de quelques lecteurs enfouis dans du Zola. Un Thérèse Raquin traînait. Et relevant la tête interloqués, retombèrent dans leurs lignes imprimées. Et moi aussi, la sonnerie retentit, sous mon bras, il sortit avec moi. Le lycée me quitta et lui aussi. Je l'écrasa pendant une journée entière entre deux épais cahiers et c'est aujourd'hui que je décidai de le sortir pour enfin le lire. Mais comment un simple journal peut autant me faire rire ? C'est décidé, je le lirais chaque semaine si je peux. Quelle hilarité !

Vive la presse !

mercredi 15 septembre 2010

Une première feuille qui tombe.

Le soleil est encore là, mais déjà la puissance de ses rayons est réduite, l'automne s'annonce. Je sors du bus, devant moi se pose après avoir virevolté au grès du vent une petite feuille toute vérolée de taches, comme roussie. Je la prend, je la tâte, je la garde en la plaçant dans mon veston et mes yeux apeurés par la nouvelle, se posent sur le faîte de l'arbre d'où le poil calciné vient de tomber. Le vent bouleverse mon blouson, je sens les vibrations naturelles passer sur moi. Des filets de vent semblent filer sur le haut de mon visage, caressant doucement mes yeux, chatouillant mon nez et léchant ma bouche. J'avance de quelques pas, mes yeux sont précieux. Je regarde encore ce ciel pourtant bleu encore mais qui ne tardera pas à roussir comme la feuille que je conserve entre quelques effets personnels. Bientôt la pluie et l'air humide vont refaire leur apparition, le temps va changer, les lourds nuages seront le quotidien de la météorologie. Et mes pensées seront mornes, tristes dénuées de toute lumière.

Alors je profite de ces derniers moments en tête à tête avec le soleil, je sens ses premiers adieux, ses premières faiblesses, son coeur brûlant semble s'éloigner de nos contrées et les ravisseurs de sa belle utopie, celle de l'été, semblent revenir à grands-pas.

 Le mystère des saison est encore grand, pourquoi faudrait t-il le déceler et trouver des réponses, l'incompris peu rester merveilleux. Jamais je ne lirais de réponses tenues par quelques personnages indésirables à mon oeil. Laissons le mystère planer, le mythe rester. Laissons des faits inexpliqués pour que leur émerveillement perdure et que leur beauté subsiste. 
Jean Giono est le maître. Le maître de ces écrits bucoliques et flambants de nature vivante. Et sans aucune réponse, il délivre à son lecteur la vivacité de l'herbe, des arbres, des animaux, de ces collines provençales et de l'isolement des travailleurs de la terre pourvus de mains calleuses par leur labeur, des paysans enivrés par la luxuriante récompense de la Nourricière, par le goût authentique et subtile du bon pain campagnard français. Et lorsque ces gens, bien décidés à vivre le jour le jour, en éternels amoureux avec la nature, de leur nez, entendent le pas brutal de l'hiver suivant le sabot un peu plus léger de l'autonome. Alors c'est l'heure de changer les choses de modifier les moeurs pour s'adapter à la nouvelle saison. Plus les jours avancent et plus le rendez-vous approche.

dimanche 5 septembre 2010

Rentrée 1868

Faisant suite à "L'ouvrier du Second Empire". 

Albert et Anatole rentraient respectivement dans une classe supérieure. Nous étions fin Août 1868, l'école reprenait bientôt et pendant tout l'été les récoltes avaient été bonnes dans l'exploitation de l'infâme patron. St Ray revivait, on entendait peu à peu les cloches de l'église se manifester après la cohue des personnalités du Faubourg Saint-Germain qu'avait subi le petit village, comme souillé. La mère et le père s'étaient cotisés et avaient réuni une très généreuse somme afin d'acheter à leurs enfants les fournitures nécessaires ainsi que des billets de train pour partir non loin de Paris faire ces quelques achats. Un dimanche matin donc, très tôt, Madame, dont ses yeux fatigués dessinaient autour d'eux des fissures sur la peau et de profonds cernes, était accompagné de Monsieur qui à eux d'eux tenaient par leur main travailleuse leurs progénitures.. C'était là le portrait typique d'une belle famille. Les parents allaient choisir les objets qu'avaient besoin leur enfants. Toutes leurs économies qu'ils avaient amassées allaient se dissoudre en quelques temps, en un temps très court en fait, le moment d'une journée. Ils se rendirent donc à Paris, devant des boutiques. Il allèrent dans une librairie afin de se procurer des cahiers, quelques plumes à bas-prix et des encriers modestes. Ensuite il s'en retournèrent chez eux après avoir liquidé leur porte-monnaie en offrant gracieusement des sucreries aux enfants. Le père était un peu agacé par ce dernier achat qu'il jugeait d'inutile. La mère un peu soumise s'en résolu et promis à son mari de ne plus faire cette impasse désormais prohibée. Il rentrèrent tard, le lendemain le père ouvrier travaillait et les enfants reprenaient l'école. La nuit fut longue dans la petite chaumière, le plus petit de leur fils Anatole pleurait sans cesse accusant quelque mauvais cauchemars. Sa mère se levât de nombreuses fois pour aller le rassurer et la nuit ne fut pas tranquille. L'aube surgissait quand la mère se leva maladroitement et allait préparer une légère collation à son mari et à ses enfants. Il se levèrent encore plus minablement. Les petits étaient encore très fatigués et leurs yeux leurs piquaient et n'arrivaient pas à les ouvrir à cause de la lumière matinale. Le père, habitué, fut éveillé en moins de cinq minutes et partit rapidement au travail chez l'Infâme. Tandis que la mère se préparait pour emmener les enfants à leur rentrée dans leur petite école communale. Elle endossa les mêmes étoffes qu'elle avait porté la veille, elle ressemblait à un vraie bourgeoise qui s'habillait avec goût, une belle indienne parée de dentelles et qui flamboyait d'un vert pâle mais doux au regard. Sur sa tête elle posa un léger chapeau à la mode et se dota d'un Chantilly. Les enfants furent tout aussi beaux et tenaient sur eux des vêtements unis et bleus pâles. Des petits sabots décrottés et nettoyés dans tous les recoins. Après le déjeuner, ils étaient prêts à partir. Il refermèrent la petite chaumière et quittèrent leur terrain à pas feutrés comme si laissaient la petite masure dormir encore. Ils trouvèrent le chemin de St Rey et arrivèrent devant l'école ou un de petits groupes s'étaient formés. Les petits garçons jouaient déjà aux osselets et aux billes d'un côté et de l'autre, les filles s'exerçaient à la marelle et à la corde à sauter. Les deux sexes bien séparés par un haut mur noirci par le temps. L'horloge sonnait et l'école semblait luire par le soleil qui l'éclairait faiblement. La mère voyait en cette école un avenir meilleur pour ces deux enfants. Elle les voyaient déjà avocats, lettrés gagnant un salaire bien supérieur au leur avec une vie de rêve. L'école était son dernier recours elle l'a chérissait de tout son être. Elle fit alors deux gros baisers sur les deux belles joues qui se présentaient à elle et quitta ses deux petits. Sur la route elle pleura toutes ses larmes et fit fondre sa tristesse sur ses beaux habits. Elle espérait tant pour ses deux. Dans ses yeux mouillés et larmoyants, on voyait l'envie, la joie et l'avenir... Le ciel était pur.