"La recherche fugace du temps qui passe." Andy Rankin

dimanche 14 novembre 2010

11 Novembre 1918 - Première Partie


Je me réveille soudainement par un éclat d’obus tout près de notre habitation de terre et de boue. Je saute de ma paillasse, récupère mon matériel et sors dehors. Il doit être dans les quatre heures du matin, il fait froid, il fait noir. Les bombardements ont déjà recommencé après cette petite nuit de sommeil. Mes yeux portent des cernes. Je suis là dehors, complètement étourdi. J'entends le sifflement des balles au dessus de la tranchée. Déjà des hommes sont dehors et écoutent la nuit gronder. Je me demande quel jour nous sommes, je ne compte plus le temps. "Quel jour on est Augustin ?
- Sans doute le 11 novembre..."
Je ne sais pas trop, faut que je demande au Commandant, il l'sais lui". Et après quelques secondes, j'eus la confirmation, nous étions le 11 novembre. Un autre obus éclata tout près de moi, Augustin quant à lui sauta et retomba raide mort dans des éclaboussures de sang. Je n'en fus pas dégoûté, je n'ai même pas pleuré. J'en avait tellement vu. Après cette secousse, je décidai de me déplacer, il ne fallait pas rester au même endroit, j'avais peur, comme toujours depuis le début. Une heure s'écoula sans faire de grave dégâts. Toujours aussi noir, mais ça s'éclaircissait.

Henri Lendré

Ce matin là, je venais de m'éveiller tôt. Comme toujours, le facteur m'apportait le journal, tôt le matin, aux alentours de six heures trente. Il était six heures lorsque je quittai mon lit. Puis vivement je versai un peu de lait chaud dans ma tasse et prenai trois madeleines dans la boîte en fer. Puis successivement, je les trempai dans mon lait en attendant le crissement des freins sur les roues du vélo de mon facteur. Ainsi, je l'entendis quelques minutes après. Avant même que je sois sortie, il était entré dans ma maison et s'écrira : "Bon dieu ! La guerre est finie ! L'armistice, signé, SIGNE !", tout en me montrant le gros titre du journal. L'article déclarai :
"Ce matin à 5h12, a été signé dans un wagon se situant dans une futaie de Compiègne (lieu tenu secret par le gouvernement), une armistice entre la France et l'Allemagne imposant le 'Cessez-le-feu' à onze heures précisément dans toutes la France. C'est alors que les allemands seront tenus de respecter les douze points rédigés par le président américain Wilson ainsi que la clause de l'Armistice." Et un peu plus bas : "Vive la République et Vive la France !". L'article était au beau milieu du journal et faisait la Une. Je regardai avec des yeux remplis d'allégresse le facteur et ensemble nous nous embrassâmes pour enfin nous serrer. En sortant, nous chantâmes La Marseillaise. Puis voyant la voisine sortir sur le perron, nous lui apprîmes la nouvelle et elle fut tout à fait aussi jubile que nous. Enfin le facteur s'en alla. Moi et Fernande, restâmes affolées de bonheur à l'annonce de cette nouvelle étourdissante, nous décidâmes alors de la crier aux portes de nos voisines isolées, nous partîmes en vélo toutes heureuses. Je n'avais même pas pensé à consulter les éventuels morts au front entre hier et aujourd'hui.

Simone Lendré

A suivre...

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